L’on reconnaît de plus en plus que les normes ne sont pas impartiales; en effet, leur réception varie selon le sexe. Ce constat a incité le Conseil canadien des normes (CCN) à se mobiliser pour assurer une normalisation à l’appui de l’égalité femmes-hommes.
Son souci d’action l’a mené à publier une stratégie et un plan de travail pluriannuel détaillant les grandes lignes de ses démarches vers un système normatif solidaire. La Stratégie de normalisation adaptée aux genres s’articule autour de trois objectifs principaux :
- Dynamiser la normalisation canadienne en équilibrant la représentation femmes-hommes
- Adapter le système de normalisation volontaire aux réalités de notre temps en élaborant des ressources pour favoriser la prise en compte des différences entre les sexes
- Combler les lacunes de la littérature scientifique à l’aide de recherches et d’analyses sérieuses axées sur les incidences de l’inclusion féminine dans la normalisation.
L’initiative est née dans le sillage de la Déclaration sur les normes et l’élaboration de normes tenant compte des questions de genre de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Europe. Au printemps 2019, plus de 50 organismes de normalisation des quatre coins du monde, dont le CCN, ont signé la déclaration pour s’engager à faire progresser l’égalité entre les sexes dans le domaine.
Une telle action pourrait entraîner de grands changements, car les normes touchent à peu près tous les aspects de la vie quotidienne — elles assurent la sûreté, la fiabilité et la stabilité des produits, des services et des systèmes fondamentaux. Vu que les normes portent les empreintes de leurs rédacteurs, l’inclusion des points de vue féminins est tout indiquée si l’on souhaite ne pas faire abstraction des grands enjeux.
Le cas des mannequins d’essai illustre bien les dangers de l’indifférence aux questions de genre et de l’exclusion féminine de la normalisation. Tout en constatant une baisse des traumas causés par les accidents routiers ces dernières décennies, des chercheurs du Centre for Applied Biomechanics de l’Université de la Virginie ont découvert et récemment confirmé une importante disparité : les conductrices sont bien plus vulnérables aux blessures graves que leurs pendants masculins. Cette conclusion s’explique en partie par le fait que, il y a peu de temps encore, l’on menait les essais de choc sans se soucier des limitations des mannequins au volant — ceux-ci étaient modelés sur le corps masculin moyen.
L’étude sert de mise en garde : il faut assurer une participation féminine à la normalisation pour que celle-ci puisse profiter à tous. Le CCN a déjà entamé le déploiement de sa stratégie en collaborant avec les principaux acteurs du domaine. Sans une concertation au pays et à l’étranger, impossible de réellement changer le cours de choses. Le CCN est donc désireux de faire connaître son action et de mettre son savoir-faire et son expertise à la portée de tous. Par la diffusion de la Stratégie de normalisation adaptée aux genres, il espère étendre son rayon d’action en inspirant à ses homologues l’envie de faire vivre l’égalité.